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1 avril 2010 4 01 /04 /avril /2010 14:41

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Le thème en deux mots :

Hugo, jeune provincial passionné de fiction, s'installe à Paris pour y suivre des études de lettres. Jean Debat, le propriétaire de l'appartement dans lequel il sous-loue une chambre, est particulièrement discret et peu affable. Un concours de circonstances fait qu'Hugo tombe un jour sur un roman qu'une amie libraire lui prête. Hugo perce la véritable identité de Jean. Il est l'auteur de ce fameux roman qui a connu un certain succès (tirage à plus de 10 000 exemplaires et invitation de l'auteur à "Apostrophes"). Hugo part à la découverte de l'univers de Jean. Progressivement il le découvre, ainsi que sa passion pour l'écriture. Une complicité naît entre les deux personnages.

Ce roman sert en partie de prétexte à Claudel pour décrire le milieu et les pratiques de l'édition. On y apprend beaucoup. Mais l'essentiel de la problématique du livre est ailleurs. Ce qui importe c'est l'écriture.

Claudel nous fait découvrir la passion de l'écriture, mais aussi sa force destructrice. C'est un livre qui permet à Jean, écrivain désormais oublié, de transmettre son expérience, de faire partager son vécu et à Hugo, de se découvrir un père imaginaire, un père d'élection, une sorte de guide. Leur rencontre est fondée sur leur passion commune pour l'écriture.

Voici un extrait que j'ai particulièrement apprécié. Il s'agit d'un échange entre Jean qui parle de son expérience de la littérature et Hugo qui tente de lui opposer sa propre conception de l'écriture :

" - Pendant toutes ces années, j'ai cru que j'avais survécu à l'écriture. je viens de me rendre compte que la blessure était encore sensible.

- Mais vous n'avez jamais essayé... enfin, je ne sais pas, vous n'avez jamais été tenté de recommencer, je ne dis pas tout de suite après, mais une fois que l'eau avait coulé sous les ponts, que vous preniez de la distance avec votre expérience, vous n'avez pas eu envie de...

- Non. C'était même ma fierté. Je doute que vous puissiez comprendre. Je ne prétends pas que ça ne m'a pas traversé l'esprit, mais alors, le corps tout entier s'est rebellé, il n'était pas question de souffrir à nouveau, de se sentir humilié une fois encore, il n'était pas question de perdre son temps, quand on n'est pas doué pour quelque chose, la moindre des politesses, c'est de l'accepter, de se retirer et de se diriger vers d'autres activités, vous ne trouvez pas ?

- Oui, mais écrire et publier, ce n'est pas la même chose, non ? Ecrire c'est s'exprimer, c'est s'acharner à transformer le temporaire en durable, en permanence, c'est...

Le rire, cette fois, est une épée. Longue, fine et tranchante. Il monte dans les aigus et sonne de façon désagréable à l'oreille. De l'ironie. Du sardonique. Les lèvres de Jean Debat s'ourlent en un rictus de mépris.

- Des conneries tout ça. On écrit pour être lu. Tout le monde sait ça. Le reste c'est de la pose."

Hugo découvrira bien d'autres choses sur la vie de Jean Debat. Il identifiera ses contradictions, cernera  sa vulnérabilité. Mais plus il découvrira "son humanité", sa singulatité et plus il s'attachera à lui. Jean devient son père d'élection, grâce à l'écriture. C'est l'écriture...et la lecture qui ont permis cette rencontre et indirectement celles d'autres personnages comme Michèle la libraire, comme Pauline, la fille de Jean.

 Lui-même Hugo devient un personnage de Jean, il devient le Philippe du roman de Jean "A contretemps". Il entre dans son univers enfin. Où est la réalité, où est la fiction ?

L'écriture comme rencontre entre des vies.

En conclusion, j'ai été plus sensible à l'atmosphère, aux personnages et à la thématique de ce roman plutôt qu'à sa forme. Je n'ai pas été séduit par le style de Claudel. En revanche, comme chaque lecteur, j'ai découvert quelques vérités sur l'écriture et sur le milieu littéraire parisien.

 

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commentaires

P
<br /> Bonjour. Blondel ou Claudel? est-ce parce que tu lis aussi Philippe Claudel?<br /> <br /> <br />
Répondre
G
<br /> <br /> BLONDEL, c'est effectivement une grossière erreur de ma part. Où avais-je la tête ? J'ai rectifié. Merci pour ton message.<br /> <br /> <br /> <br />

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" Les gens courageux n'existent pas, il y a seulement ceux qui acceptent de marcher coude à coude avec leur peur."
Luis Sepulveda, " L'ombre de ce que nous avons été ", Métailié editeur, p. 148

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