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10 août 2010 2 10 /08 /août /2010 16:24

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Je continue ma découverte de cet écrivain chilien. Je tombe par hasard sur le livre publié chez Métaillé : "Le monde du bout du monde". Je n'hésite pas, j'achète. Je me retrouve dans un roman d'aventure, une histoire de mousse qui a 17 ans quitte la grande ville pour tenter l'aventure de la mer. Son oncle Pepe lui a lu "Moby Dick" d'Herman Melville et depuis ilrève de cet univers dur et pur. L'aventure se concrétise. Ilarrive enfin sur un baleinier. Il découvre des hommes rude, un univers difficile et sans pitié. En quelques mots il révèle ses sentiments:

 " - Oui, le voyage, le bateau m'ont plu. Et vous, vous me plaisez aussi. Et la mer me plaît. Mais je crois que je ne serai pas baleinier...

- Dites donc. C'est pas comme dans le roman ? ... Vous savez mon petit ami, ça me fait plaisir que la chasse ne vous ait pas plu. Il y a de moins en moins de baleines. On est peut-être les  baleiniers dans ces eaux, et c'est bien comme ça. L'heure est venue de les laisser en paix."

Chacun partage ce constat, les baleiniers eux-mêmes et le jeune mousse. Mais, tout le monde n'est pas de cet avis, et c'est là que le récit commence. Un véritable récit de guerre entre les prédateurs humains (on devrait plutôt dire inhumains!) et les défenseurs d'une  faune qui agonise.

D'un côté Greenpeace et sa flotte fragile mais célèbre dans le monde entier, de l'autre des navires fantômes rayés des registres, véritables usines flottantes illégales qui aspirent les fonds marins à l'aveugle, assistés par des hélicoptères et qui laissent derrière eux une bouillie sanglante qui colore les flots d'une indicible marée rouge.

Sepulveda fait le parallèle entre les premiers colons venus d'Europe, exterminateurs des indiens et ces colons des temps modernes qui massacrent faune, flore et humains.

Ainsi, écrit Sepulveda, la mère du capitaine Nilssen, capitaine au long cours qui lutte pour défendre les cétacés des mers du sud, qui était une indienne Ona " a été la victime et le témoin d'un des grands génocides de l'histoire moderne. Des propriétaires qui sont aujourd'hui vénérés comme des paladins du progrès à Santiago et à Buenos Aires ont pratiqué la chasse à l'indien, payant dix onces d'argent par paire d'oreilles, puis par testicules, par seins et enfin par tête de Yagan, d'Ona, de Patagon ou d'Alacalufe qu'on leur apportait dans leurs estancias." p 84.

Un autre exercice décrit par Seupulveda quelques lignes plus loin concerne le tir au pigeon gelé... Mais j'arrête là. C'est trop horrible !

Soudain, après une longue enquête sur les navires de pêche battant pavillon de complaisance et le récit des péripéties de journalistes trop curieux, au détour d'une page apparaît dans les eaux tranquilles des fjords des mers australes un énorme navire-usine japonais qui fend à toute vitesse les eaux du golfe, tel un fauve il se dirige droit sur ses proies et alors se produit le grand carnage. Je n'en dirai pas plus, sous peine de déflorer le livre. Mais qui peut rester indifférent devant ce récit ?

La cruauté et la cupidité des hommes n'a pas de limites et l'histoire est un éternel recommencement. Dans les zones lointaines, tout est permis.

Je vous laisse aussi découvrir l'incroyable rebondissement de l'histoire qui m'a fait vibrer de plaisir.

Y aurait-il quand même une justice dans ce monde ? Cela vaut la peine de se révolter, de se battre contre l'inacceptable ! Certes il y a des causes encore plus dramatiques que celle des baleines Chaudron, mais tout cela, au même titre que les génocides de peuples entiers, participe d'un même mouvement, d'une même dynamique haîneuse, celle de l'anéantissement de ceux qui ne sont pas comme vous, qui ne pensent pas comme vous, qui vous empêchent de faire ce que bon vous semble !

C'est pourquoi, ce petit livre, qui commence comme un beau livre d'aventure, nous conduit pas à pas au bord du goufre en essayant de nous faire prendre conscience que les vrais prédateurs de ce monde sont bien les humains, ceux qui n'ont ni foi, ni loi, et qui ne pensent qu'à s'enrichir, par tous les moyens.

Un beau livre, bien écrit, qui nous plonge au coeur des problèmes de notre époque. Il y est tout simplement question de notre survie.

 

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" Les gens courageux n'existent pas, il y a seulement ceux qui acceptent de marcher coude à coude avec leur peur."
Luis Sepulveda, " L'ombre de ce que nous avons été ", Métailié editeur, p. 148

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