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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 17:10

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Ce livre, c'est l'histoire d'un homme et de ses sensations quotidiennes, brutes, simples, originales. Il s'agit d'un Italien du Sud, émigré en Argentine, qui a subi la dictature et la guerre. Il est de retour au pays. Il est jardinier, il rencontre une femme, il l'aime, elle l'aime. Un roman simple comme la vie d'un  jardinier, un roman riche comme la vie d'un jardinier.

Un arbre : " Un arbre a besoin de deux choses : de substance sous terre et de beauté extérieure. Ce sont des créatures concrètes mais poussées par une force d'élégance. La beauté qui leur est nécessaire c'est du vent, de la lumière, des grillons, des fourmis et une visée d'étoiles vers lesquelles pointer la formule des branches." (p. 23)

" Un arbre écoute les comètes, les planètes, les amas et les essaims. Il sent les tempêtes sur le soleil et les cigales sur lui avec une attention de veilleur. Un arbre est une alliance entre le proche et le lointain parfait." (p. 23)

La terre : " La terre a un désir de hauteur, de ciel. Elle pousse les continents à la collision pour dresser des crêtes.

Elle se frotte autour des racines pour se répa ndre dans l'air par les bois.

Et si elle est faite de désert, elle s'élève en poussière. La poussière est un voile, elle émigre, elle franchit la mer. Le sirocco l'apporte d'Afriques, elle vole des épices au marché et en assaisonne la pluie.

Le monde, quel "maestro"! " (p. 28)

Les livres : " Je lis les vieux livres parce que les pages tournées de nombreuses fois et marquées par les doigts ont plus de poids pour les yeux, parce que chaque exemplaire d'un livre peut appartenir à plusieurs vies. Les livres devraient rester sans surveillance dans des endroits publics pour se déplacer avec les passants qui les emporteraient un moment avec eux, puis ils devraient mourir comme eux, usé&s par les malheurs, contaminés, noyés en tombant d'un pont avec les suicidés, fourrés dans un poêle l'hiver, déchirés par les enfants pour en faire des petites bateaux, bref, ils devraient mourir n'importe comment sauf d'ennui et de propriété privée, condamnés à vie à l'étagère." (p. 22)

Ce qui est plus original, c'est la perception "géométrique" du monde qui entoure notre jardinier, à plusieurs reprises dans le roman il perçoit des lignes, des figures, des courbes :

" Ces jours-là, je vois clair dans la géométrie. Les vivants ne sont pas à la perpendiculaire des morts étendus, ils leur sont parallèles. La faux n'a pas la courbe de la lune, mais celle de l'œuf. Le pain gonfle en prenant la forme de la paume du boulanger. Le porter à sa bouche, c'est comme serrer la main de qui l'a pétri." (p. 30)

" Il faut tes mains pour faire de l'encens avec la sauge, dit-elle en reniflant, et la ligne de son nez fait un angle droit avec le plan de la table.

Je vois des histoires d'angles comme ça : s'ils sont aigus ils sont bons, s'ils sont obtus ils sont mauvais et s'ils sont à quatre vingt dix degrés, ils sont à égalité." (p. 35)

Je m'arrête maintenant de faire des citations, mais cette écriture de De Luca m'a réellement séduit, pour les raisons que j'ai expliquées.Un beau livre, simple et vrai.

Pour moi, c'est une littérature de l'observation, de la profondeur, du temps qui s'écoule à son rythme et de l'espace qui nous entoure peuplé d'arbres, de paysages, d'animaux et d'hommes. Il arrive que la guerre, une guerre absurde comme toutes les guerres vienne détruire ce précieux équilibre... alors les hommes en meurent et ceux qui survivent connaissent alors vraiment le prix de la vie et toute la richesse du monde qui nous entoure.

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Luis Sepulveda, " L'ombre de ce que nous avons été ", Métailié editeur, p. 148

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